Pollution de l’air à l’intérieur des habitations et énergies domestiques
Environ 3 milliards de personnes continuent de faire cuire leurs aliments et de chauffer leur logement au moyen de combustibles solides (à savoir le bois, les résidus agricoles, les déjections animales, le charbon et le charbon de bois) et du pétrole dans des foyers ouverts ou des cuisinières peu efficaces. Il s’agit pour la plupart de personnes pauvres, vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.Ces combustibles et méthodes de cuisson sont peu efficaces et produisent de forts niveaux de pollution de l’air dans les logements, qui mettent en jeu une multitude de polluants nocifs pour la santé, notamment de fines particules de suie qui pénètrent dans les poumons en profondeur. Dans les habitations insuffisamment ventilées, la teneur en particules fines dans la fumée domestique peut atteindre une concentration 100 fois supérieure aux niveaux acceptables. Les femmes et les jeunes enfants, passant le plus de temps près de l’âtre, sont particulièrement exposés.Effets sur la santé
Chaque année, 3,8 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, qui résulte d’une utilisation inefficace de combustibles solides et de pétrole pour cuisiner. La répartition de ces décès par cause est la suivante:- 27% pneumonie;
- 27% cardiopathies ischémiques;
- 20% bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO);
- 18% d'AVC; et
- 8% de cancer du poumon.
Pneumonie
L’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations multiplie presque par 2 le risque de pneumonie chez l’enfant et cause 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans. Chez les adultes, cette pollution peut être à l'origine d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures (pneumonie) qui conptent pour 28% des décés chez les adultes.Bronchopneumopathies chroniques obstructives
Un décès sur 4, soit 25% des décès par bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez l’adulte, découle, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, d’une exposition à la pollution de l’air intérieur. Les femmes exposées à de fortes concentrations de fumée domestique ont 2 fois plus de chances de souffrir de BPCO que celles qui utilisent des combustibles plus propres. L’exposition à la fumée domestique double presque ce risque chez les hommes, déjà soumis à un risque accru de BPCO du fait de leur taux de tabagisme plus élevé.Accidents vasculaires cérébraux
12% de tous les décès dus aux accidents vasculaires cérébraux peut être attribué à une exposition chronique aux polluants rejetés dans l’air intérieur lors de la cuisson d’aliments à l’aide de combustibles solides et au kérosène.Cardiopathies ischémiques
On estime qu’environ 11% de l’ensemble des décès dus à des cardiopathies ischémiques, soit plus d’un million de décès prématurés par an, résultent de l’exposition à de l’air pollué à l’intérieur des habitations.Cancer du poumon
Environ 17% des décès causés par un cancer du poumon résultent, chez l’adulte, de l’exposition à des carcinogènes présents dans l’air domestique du fait de sa pollution par la cuisson d’aliments au moyen de combustibles solides comme le bois, le charbon et le charbon de bois ou de kérosène. Les femmes courent un risque accru du fait de leur rôle dans la préparation des aliments.Autres effets sur la santé
De façon plus générale, les matières particulaires fines et autres polluants présents dans les fumées domestiques provoquent l’inflammation des voies respiratoires et des poumons, ce qui détériore la réponse immunitaire et réduit le pouvoir oxyphorique du sang.Certaines données prouvent les liens entre la pollution de l’air à l’intérieur des logements et le faible poids de naissance, la tuberculose, la cataracte et les cancers nasopharyngé et laryngé.Effets sur l’équité en santé, le développement et le changement climatique
À défaut d’une réorientation significative des politiques, le nombre total des personnes n’ayant pas accès à des combustibles et des technologies propres restera globalement inchangé d’ici 2030 (Agence internationale de l’énergie, 2017)1, ce qui constitue un obstacle à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.- Le ramassage des combustibles augmente le risque de lésions musculo-squelettiques, prend beaucoup de temps aux femmes et aux enfants, limite d’autres activités productives (pour générer des revenus par exemple) et empêche les enfants de suivre normalement leur scolarité. Dans les environnements peu sûrs, les femmes et les enfants sont exposés au risque de traumatismes et de violence pendant le ramassage des combustibles.
- Le noir de carbone (particules de suie) et le méthane émis par les foyers de cuisson inefficaces sont de puissants polluants qui favorisent les changements climatiques.
- Nombre des combustibles et d'appareils utilisés par les familles pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage entraînent des risques. L’ingestion de pétrole est la première cause d’intoxication de l’enfant et une grande partie des brûlures et traumatismes graves survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont liés à l’énergie utilisée dans les foyers pour la cuisine, le chauffage ou l’éclairage.
- Un milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité et nombre d’entre elles se servent donc de lampes à pétrole pour s’éclairer. Cela expose les ménages à des niveaux très élevés de particules fines, et crée d’autres risques pour la santé (par exemple brûlures, traumatismes et intoxication par ingestion de combustibles). Cela produit également des effets en réuisant les opportunités de développement, empêchant les gens d' étudier ou et certains petits métiers et formes d’artisanat nécessitant un éclairage adapté.
L’action de l’OMS
L’OMS fournit une assistance technique aux pays pour conduire des évaluations et pour développer l’usage domestique des combustibles et technologies favorables à la santé. Elle renforce les capacités nationales et régionales de lutte contre la pollution à l’intérieur des habitations au moyen de consultations directes et d’ateliers sur les énergies domestiques et la santé.Ces actions sont complétées par l’élaboration d’un ensemble d’outils appelé CHEST (Clean Household Energy Solutions Toolkit : Ensemble d’outils pour des solutions d’énergie domestique propre) pour favoriser la mise en œuvre des lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air intérieur : consommation domestique de combustibles.Cet ensemble comporte des outils et des informations aidant les pays à identifier les parties prenantes travaillant sur l’énergie domestique et/ou la santé publique, afin de concevoir, mettre en œuvre et contrôler les politiques portant sur les énergies domestiques.Base de données sur les énergies domestiques
La base de données de l’OMS sur les énergies domestiques sert à suivre les progrès mondiaux en matière de transition vers des combustibles et fourneaux plus propres dans les habitations. Elle soutient aussi les évaluations de la charge de morbidité due à la pollution domestique résultant de l’utilisation de combustibles et technologies polluantes. Elle contient actuellement les données sur les logements provenant de plus de 1100 enquêtes dans 157 pays. Elle a été étendue pour inclure les informations sur les combustibles et technologies servant pour le chauffage et l’éclairage.En tant qu’institution garante pour les indicateurs des objectifs de développement durable 3.9.1 (taux de mortalité attribuable à la pollution de l’air dans les habitations ou à la pollution de l’air ambiant) et 7.1.2 (pourcentage de la population utilisant principalement des carburants et technologies propres), l’OMS se sert de la base de données sur les énergies domestiques pour obtenir des estimations permettant de suivre les progrès vers l’accès universel aux énergies propres et les effets sanitaires qui en découlent.